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Haití no puede esperar – todos los Estados miembros de la OEA declaran: “El momento de una acción decisiva es ahora”



Haïti ne peut pas attendre – tous les États membres de l’OEA déclarent : « Le moment d’une action décisive est arrivé »

Par Sir Ronald Sanders

Le 10 septembre, les 32 États membres actifs de l’Organisation des États américains (OEA) ont signé une déclaration conjointe sur Haïti. Comme il arrive souvent en diplomatie, tous les États n’ont pas participé aux discussions et aux négociations qui ont abouti au texte. Antigua-et-Barbuda, si. J’ai dirigé notre délégation. Nous avons débattu ligne par ligne car, en diplomatie, les mots décident des budgets, des mandats et des vies — ils doivent être soigneusement pesés.

Ma délégation avait quatre préoccupations.

Premièrement, la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU proposée par les États-Unis et le Panama — à laquelle se réfère la déclaration conjointe — n’a pas encore été adoptée. Les discussions sont constantes à New York, mais le texte n’est pas encore arrêté. En termes simples, les États-Unis et le Panama demandent au Conseil de sécurité de remplacer la petite mission en Haïti dirigée par le Kenya et insuffisamment dotée par une force plus importante, appuyée par l’ONU — environ 5 550 personnels —, disposant de l’autorité légale de détenir des membres de gangs, de sécuriser les infrastructures critiques (aéroports, ports, hôpitaux, écoles) et de mener des opérations fondées sur le renseignement contre des groupes armés pendant 12 mois. Le plan crée également un Bureau d’appui des Nations Unies chargé de la logistique et du remboursement des coûts d’équipement, tandis que des contributions volontaires à un fonds fiduciaire des Nations Unies couvrent les remboursements de personnel et d’autres besoins de la mission, garantissant des coûts transparents et partagés. C’est compréhensible. La mission dirigée par le Kenya a peiné à produire des résultats suffisants au regard des coûts supportés par les bailleurs. Elle ne peut pas continuer ainsi.

Deuxièmement, remplacer la Mission multinationale d’appui à la sécurité par une quelconque « force de répression des gangs » risque de réduire la focale au seul recours à la force — ce que ma cheffe adjointe de mission, Joy-Dee Davis-Lake, a justement qualifié de « guerre urbaine » — en occultant le contexte plus large des conditions économiques et sociales d’Haïti qui ont favorisé l’émergence des gangs. Comme je l’ai dit publiquement en réponse à une question du Miami Herald, toute nouvelle action de l’ONU ne peut pas se limiter à la répression. Les gangs recrutent des garçons qui n’ont rien à manger et aucune opportunité de devenir des adultes autonomes ; la violence prospère là où les institutions sont vides, les salaires inexistants et la confiance dans le système absente. Oui, la sécurité est essentielle, mais elle ne doit pas être considérée comme suffisante.

Troisièmement, la prise en main haïtienne ne doit pas être un slogan ; elle est le fondement de la légitimité de toute transformation du pays. Antigua-et-Barbuda voulait que les autorités haïtiennes assument clairement la déclaration conjointe et acceptent la responsabilité des actions menées en Haïti, y compris l’utilisation des fonds. Faute de cela, le soutien international restera hésitant et incertain.

Quatrièmement, nous voulions nous assurer que rien dans la déclaration conjointe n’ouvre la voie à une participation de l’OEA, en tant qu’institution, à l’emploi de la force. La Charte de l’OEA ne confère aucune autorité en ce sens. Plus encore, la valeur de l’OEA — sa crédibilité de bâtisseuse de paix et d’honnête médiatrice — serait sapée si elle dérivait vers des opérations cinétiques (de recours à la force). Le rôle de l’OEA est le renforcement institutionnel, les droits et l’accompagnement politique. Dans l’intérêt de chaque État membre, et de la pertinence de l’Organisation, elle doit s’en tenir à ce rôle.

Telles étaient nos garde-fous. Dans ce cadre, nous avons soutenu la Déclaration conjointe pour les raisons suivantes.

La déclaration réaffirme que Haïti doit diriger et place les Nations Unies au centre des opérations de sécurité, avec notamment un bureau d’appui (UNSOH) et la transition vers une force plus robuste visant à rétablir un environnement sûr et stable et à démanteler les gangs. C’est la bonne hiérarchie : l’ONU dirige la protection ; Haïti dirige en matière de souveraineté et de responsabilité.

L’OEA se voit confier un rôle clair : renforcer les capacités institutionnelles et opérationnelles au moyen d’une approche civile, humanitaire et fondée sur les droits humains. Cela maintient l’Organisation là où elle est la plus efficace : aider la Police nationale d’Haïti par un soutien sans recours à la force et aider l’État à reconstruire les bases de la gouvernance.

Le texte encourage des contributions volontaires au fonds fiduciaire de l’ONU pour la nouvelle force et accueille un soutien complémentaire par le biais de mécanismes de l’OEA tels que SECURE-Haiti pour l’appui à la police, conformément au cadre onusien. Ce couplage maintient honnêtes les flux financiers, visibles les canaux et partagées les charges selon les capacités.

En appelant à la coordination entre l’ONU, l’OEA, la CARICOM et Haïti, la déclaration tente de mettre fin au gaspillage constaté lorsque des efforts se chevauchent sans coordination.

La déclaration associe explicitement les opérations de sécurité à la prise en compte des causes profondes : institutions faibles, corruption, pauvreté, inégalités criantes et effondrement de l’éducation et des services de base. C’est la différence entre tenir les gangs à distance quelques mois et construire une paix durable pour l’avenir.

Heureusement, alors que s’achevaient les dernières négociations sur la déclaration conjointe, l’ONU a décidé de mobiliser 9 millions de dollars de fonds d’urgence pour Haïti, notamment afin de maintenir l’hôpital La Paix, seul hôpital public encore en fonctionnement à Port-au-Prince. Comme l’a dit Tom Fletcher, sous-secrétaire général de l’ONU aux affaires humanitaires : la voie sécuritaire ne fonctionne que si elle est accompagnée d’une voie humanitaire qui aide les personnes à rentrer chez elles, à reconstruire leurs moyens de subsistance et à retrouver leur dignité. C’est précisément l’équilibre que nous avons défendu dans le texte de l’OEA.

Où cela nous laisse-t-il ?

Cela laisse à l’ONU la responsabilité d’assurer une protection contre la prédation des gangs et l’illégalité — légalement, de manière responsable et avec le consentement des autorités haïtiennes. Cela laisse à l’OEA le soin de soutenir cet effort là où sa Charte et ses compétences sont les plus fortes : renforcement institutionnel, respect des droits, accompagnement politique et soutien sans recours à la force à la Police nationale d’Haïti. Cela laisse aux bailleurs une demande claire : financer le fonds fiduciaire pour que la nouvelle force puisse fonctionner, et financer les opérations humanitaires afin que la société puisse mener une vie normale.

Et cela laisse au Conseil de sécurité de l’ONU, en particulier aux cinq membres permanents, un message simple : les États les plus proches d’Haïti — ses voisins au sein de l’OEA — se sont exprimés avec une unité inhabituelle à l’issue de discussions sérieuses et attentives menées par plusieurs pays chefs de file. Nous soutenons une voie dirigée par Haïti, un mandat de protection dirigé par l’ONU et une stratégie globale qui traite à la fois les symptômes et la cause de la crise haïtienne. Comme nous le concluons dans la déclaration : « Haïti ne peut pas attendre. Le moment d’une action décisive et coordonnée est arrivé. »

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